C’est la dernière !
La dernière … de l’année.
Certainement aurons nous surmonté les ires célestes du 21 décembre avec vaillance, et assurément ce ne sera pas … « La Dernière ».
Non, il faut y croire, l’inévitable n’aura pas lieu, et samedi nous rendrons grâce à Asgard pour sa protection, en gravissant notre Pech de Bugarach calanquais : Le Mont Puget !
Pour cela le Gnome Gardien des Lieux, sur sa magique et fougueuse monture aux sabots ronds, suivre vous devrez.
De confiance et courage, preuve vous ferez, car par delà l’étroit défilé des Escaliers du Cap Gros et le Vallon des Chaudronniers, jusqu’au bord du Monde Salé, vous vous aventurerez.
Ainsi, votre quête extatique frénétique du bonheur pédalistique, entreprendre vous pourrez.
Alors enfin, fourbus mais heureux, dans le soleil couchant du crépuscule naissant, nous, les elfes rassemblés du Royaume de Garlaban, la choppe lourde et l’écuelle garnie, à la plénitude goûterons.
Oyez donc, oyez devins déments, promettez nous encore la fin du monde : des comme ça, on en veut tous les week-ends !
Tout le monde est parti.
L’obscurité absorbe doucement le parking.
Je reste debout encore quelques instants à contempler au loin la large brèche que forme la calanque d’En Vau.
Les images de cet après-midi me reviennent.
Des paysages somptueux. Des camarades joviaux. Des sentiers rudes mais enjôleurs.
Une vraie image du bonheur.
J’ai du mal à m’en remettre… trop beau pour être vrai…
Trop beau pour être…vrai ?
Trop beau pour… être ?
Trop… beau ?
Trop ?
A cet instant où la lumière du jour ne permet plus de discerner les choses, la pénombre naissante décuple les sensations.
Un sentiment étrange m’envahit.
Des images de cet après-midi emplissent ma tête.
Mais elles sont différentes, précises, fugaces et détaillées donnant du relief à des situations étonnantes .
Sylvain et Daniel, qu’on n’avait plus vu depuis des lustres… curieux…
Le refuge du Cap Gros, détruit depuis des années… mais avec un puits en fonctionnement et une écuelle flambant neuve pour récupérer l’eau… bizarre…
L’abri Azema, qui n’aurait plus dû être là… étrange…
Plein de photos prises… mais aucune déposée dans l’album… invraisemblable…
De longues minutes filmées… et pourtant la carte mémoire toujours vierge… incroyable…
Soudain mon esprit s’emballe et tous ces paradoxes fusionnent en un visage, celui de Bruce Willis, alias le Docteur Malcom Crowe dans le film « Sixième sens » !
L’effroyable vérité se révèle à mon esprit : Les Mayas, ils avaient raison !
Une larme coule sur ma joue.
Je ne suis pourtant pas triste.
Je suis calme, serein.
J’esquisse un sourire.
Je ne pleure pas la fin du monde.
Je me réjouis de passer avec vous une éternité à rider dans les calanques !
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