Il était une fois Thymounet, un petit brin de thym.
Il vivait dans le Ravin des Encanaux, dans un endroit magique au pied de la Sainte Baume.
Il ne savait pas qui était sa mère mais son papa était Thymus, un énorme bouquet de thym odorant.
Thymounet était fier de son papa. Il le voyait, massif et costaud, fermement accroché à la terre caillouteuse. Thymus n’était certes plus tout jeune et craquait un peu dans le Mistral mais il défiait les éléments et comptait bien rester encore là longtemps.
Au fil des printemps Thymus avait donné naissance à une multitude de brins de thym qui s’éparpillaient autour de lui et tous formaient une grande famille.
Les frères et sœurs de Thymounet ne rêvaient que d’une chose : se dorer au soleil provençal !
Thymus les mettait en garde contre les goulus animaux de la garrigue et craignait de les voir finir dans l’estomac de quelque lapin ou autre sanglier.
Mais Thymounet avait une autre idée en tête, il rêvait du monde des Hommes !
Leurs voix parlaient de choses merveilleuses et inimaginables pour les habitants des Encanaux.
Un monde plein de gens, d’animaux et d’objets qu’il lui tardait de connaître.
Thymounet ne voulait pas finir grignoté par les dents coupantes des brebis :
Saucisse, merguez, chipolata, côtelette d’agneau, c’est là qu’il voulait s’étendre, c’est là qu’il savait qu’il pourrait donner le meilleur de lui même ! Il l’avait entendu de la bouche des hommes.
Aujourd’hui Thymounet était mitigé.
Certes c’était samedi et Thymounet savait que le samedi il y avait peu de chance que des humains passent dans le coin.
Mais le temps n’était plus à la pluie et Thymounet savait aussi que les humains s’aventuraient dans les collines dès que le soleil pointait.
Quand soudain, le vent qui parcourait le ravin propagea une nouvelle qui fit naître en lui les espoirs les plus fous.
» Ils sont là, ils sont venus, nous les avons vus ! » disaient ceux d’en bas.
Thymounet sentit qu’il devait saisir cette chance. Eux seuls pouvaient l’aider, eux seuls pouvaient faire en sorte que son rêve devienne réalité : les seuls susceptibles de lui donner sa chance, les « VTT du Garlaban » !
Le bruissement du vent dans les argelas arriva jusqu’à lui. Des volutes de terre lui tournèrent autour. Des pollens montés de la corniche inférieure dansèrent à ses côtés. Dans le ciel les oiseaux planaient. Le fin ruissellement des gouttes d’eau dans les anfractuosités des rochers était comme une douce musique.
Thymounet saisit l’origine de ces évènements, et il comprit enfin qui était sa mère.
» S’il te plait, Mère Nature, aide moi, à saisir cette chance. » Supplia Thymounet.
Alors le vent partit vers la crête à la rencontre des nuages. Il fit naitre un tunnel de lumière entre le ciel et la terre par lequel les rayons du soleil purent se diriger directement sur lui.
Le sol vibrait déjà sous le choc des vélos des humains.
La sève battait fort dans ses brindilles… allaient-ils le remarquer ?
Le violet de ses fleurs printanières attira enfin le regard des « Garlaban ».
Une tête se pencha vers lui. Des doigts le saisirent délicatement. Des yeux l’observaient avec admiration : il n’en demandait pas tant.
Il fut déposé précautionneusement sous le rabat d’un sac à dos et pour lui un grand voyage commença.
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